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Les records ne sont pas TOUS faits pour être battus

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À la suite d’une performance sensationnelle le week-end dernier à la rencontre Neptune International à Montréal, certains des meilleurs para-nageurs canadiens pourraient être tentés de poser leur propre version de la question philosophique séculaire : si un record du monde est battu, mais que personne de World Para Swimming n’en est témoin, est-ce vraiment un record du monde?

Pas moins de 13 standards canadiens en petit bassin ont été fracassés à la piscine du Parc olympique du 30 novembre au 2 décembre, la plupart par des membres du Centre de haute performance – Québec, dirigé par l’entraîneur-chef Mike Thompson.

Comme si ce n’était pas assez impressionnant, quatre de ces performances ont été réalisées en un temps plus rapide que le record du monde, y compris par Aurélie Rivard aux 100 et 200 mètres style libre féminin S10 (58,61 / 2 :05,63), Tess Routliffe au 100 quatre nages féminin S7 (1 :27,01) et Zach Zona au 800 libre masculin S8 (9 :54,00).

Ne cherchez pas ces chronos ultra-rapides dans le livre des records du monde, cependant. Pourquoi? Aucun d’entre eux n’est officiel aux yeux de l’instance dirigeante internationale car la rencontre n’était pas sanctionnée par WPS.

« La situation n’est pas si inhabituelle, cela arrive de temps en temps. Obtenir la sanction de WPS est un processus long et rigoureux », explique Thompson. « En fait, cela s’est produit aussi récemment que le mois dernier à la rencontre Swim International à Brantford, où Aurélie avait aussi nagé plus vite que le record du monde au 200 libre.

« Ce qui est inhabituel, c’est d’en voir autant lors d’une même rencontre. Quatre, c’est certainement le plus que j’ai vu dans ma carrière. »

Avec autant de compétitions organisées pendant toute l’année à travers le pays, il n’est pas réaliste que chacune d’elles soit sanctionnée par WPS, confirme Christine Rowland, coordonnatrice des opérations nationales de Natation Canada.

« Toutes nos principales compétitions le sont, bien sûr, par exemple les essais canadiens, les championnats nationaux, etc. Bien que ce ne soit pas le seul facteur, le coût entre en jeu lorsque nous examinons quels événements devraient être sanctionnés. Les officiels de WPS doivent examiner la piscine avant la rencontre et après qu’un record du monde a été battu. Nous devons également mettre en place un contrôle antidopage.

« C’est définitivement spécial d’avoir des records canadiens qui, officiellement, sont plus rapides que les records du monde », ajoute Rowland, qui est, parmi ses nombreuses tâches, la « gardienne » du livre des records de Natation Canada.

Bien qu’ils préféreraient que leurs réalisations soient officiellement reconnues au niveau international, ni Thompson ni ses athlètes ne sont sur le point d’en perdre le sommeil.

« C’est une chose de dire que vous êtes plus rapide que le record du monde, mais c’est une autre chose de l’avoir. Alors bien sûr que ce serait bien », avoue le pilote de CHP-Québec. « Mais pour nous, l’essentiel est que nous cherchions toujours à utiliser la compétitivité de nos athlètes pour les garder motivés. Il est facile de devenir complaisant au cours d’une longue saison, alors nous trouvons le moyen de les pousser à chaque rencontre.

« Ce qui est amusant à propos du week-end dernier, c’est que tout a commencé avec une conversation entre les athlètes, le premier matin, à savoir qui pourrait battre un des records du monde en petit bassin. Une fois que Zach l’a fait au 800, c’est devenu un concours entre tous les nageurs. Ils ont non seulement battu des records, ils les ont détruits. »

Rivard, âgée de 22 ans et originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, et Zona, âgé de 19 ans et natif de Waterford, en Ontario, ont tous deux terminé le Neptune International avec quatre records personnels.

« Je suis vraiment satisfaite de mes performances du week-end dernier. Il est encore très tôt dans la saison et, plus les années passent, plus il est difficile pour moi d’abaisser mes temps personnels à des compétitions de plus petite envergure, » dit Rivard, une double paralympienne qui détient les marques mondiales en grand bassin aux 50, 100, 200 et 400 libre S10. « C’est sûr que j’aurais préféré voir mes records du monde être officiels, mais bien honnêtement, ça ne me dérange pas beaucoup. Je le vois plus comme un tremplin vers les championnats qui arrivent en avril et un ‘boost’ de confiance pour les championnats du monde de l’été prochain. Au-delà des records du monde non-officiels, ce sont des meilleurs temps personnels et ç’est ce que j’ai toujours mis en priorité. Je suis ma plus grande rivale. »

Zona, qui a pulvérisé sa précédente marque au 800 libre par presque sept secondes, est d’accord sur tous les points.

« Je suis extrêmement heureux de mon 800. Nous ne nageons pas souvent en petit bassin, alors c’est toujours agréable d’enregistrer un temps relativement plus rapide (par rapport au long bassin). Avoir de tels résultats au début de la saison me donne confiance pour la suite des choses. Ce nouveau record canadien me procure évidemment un sentiment génial. Même si ce n’est pas officiellement un record du monde, c’est quand même plaisant de savoir que j’ai réalisé une performance qui n’avait jamais été réussie auparavant. »