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La paranageuse Shelby Newkirk s’illustre en suivant un rythme bien à elle

Articles de fond –

Jim Morris

Shelby Newkirk est une de ces personnes qui ne fait rien comme les autres.

La nageuse de 22 ans originaire de Saskatoon se décrit comme un drôle de numéro. Pour son entraîneur du Saskatoon Laser Swim Club, elle est « déterminée et entêtée ».

Quelle que soit la façon dont on essaie de la décrire, Newkirk s’apprête à prendre part aux Championnats panpacifiques de paranatation, qui se tiendront à Cairns, en Australie, forte d’une confiance renouvelée.

Chaque session sera retransmise en direct sur le site web, la page YouTube et la page Facebook de Swimming Australia. Natation Canada donnera des nouvelles sur sa page Twitter pendant la compétition.

Newkirk a éclipsé son propre record au 100 m dos dans la catégorie S7 deux fois en une journée aux Essais canadiens de natation à Edmonton, portant la marque à 1 min. 20 sec.13.

C’est assez clair comme message.

« Ça renforce vraiment la confiance », affirme Newkirk, chez qui on a diagnostiqué à l’âge de 13 ans une dystonie généralisée. Il s’agit d’un trouble neurologique progressif similaire à la maladie de Parkinson qui affecte le mouvement, l’équilibre et la coordination. J’étais beaucoup rapide cette année que l’année passée, alors je savais que je le pouvais. C’est super d’avoir pu le faire aux essais. »

Les écouteurs roses que Newkirk porte au bord de la piscine ne passent pas inaperçus, mais ce sont ses goûts musicaux qui la distinguent réellement des autres membres de l’équipe de paranatation.

« J’écoute surtout de la musique country », dit-elle avec un large sourire. « Je crois que ça vient de mes racines saskatchewanaises. Je ne suis pas celle qui choisit les listes de lecture parce que les autres ne comprennent pas les chansons. »

Lorsqu’elle veut relaxer ou évacuer son stress, Newkirk peut s’isoler du monde extérieur. Kramer s’attend à ce qu’elle fasse la même chose en Australie.

« Shelby n’est tout simplement pas comme les autres », ajoute-t-il. « Dès qu’elle met ses écouteurs, elle est dans son monde. Elle a cette capacité de vraiment entrer dans sa bulle. »

La dystonie de Newkirk signifie aussi que les jours se suivent et ne se ressemblent pas en ce qui concerne l’entraînement. « Pour Shelby, chaque journée est différente », explique son entraîneur, Eric Kramer. « Il faut s’adapter. Elle me tient en haleine. »

En grandissant, Newkirk a joué au basketball et au volleyball en plus d’avoir fait de l’athlétisme. Aujourd’hui, elle a appris à composer avec sa nouvelle réalité. « Mon corps est toujours en train de progresser », dit-elle. « Je me sens mieux dans l’eau que sur la terre. »

« Avec mon handicap, nous avons essayé de découvrir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Ce fut une très bonne courbe d’apprentissage pour nous parce que les personnes qui vivent avec le même type de dystonie que moi ne sont pas très nombreuses, particulièrement en natation. Nous avons dû trouver nous-mêmes l’information. »

Ce qui fonctionne un jour pour Newkirk peut ne pas marcher le jour suivant.

« De temps en temps, nous devons changer ma façon de nager », ajoute-t-elle. « Lorsque je nage sur le dos, mes jambes commencent à faire quelque chose de différent. Au papillon, j’ai de la difficulté à bloquer mon coude. Ce sont certaines choses que j’étais capable de faire, mais maintenant je dois m’adapter parce que je ne peux plus les faire. »

Kramer a appris à ajuster l’entraînement de Newkirk aux changements qu’elle subit. « En tant qu’entraîneur, je dois faire preuve d’une grande créativité », explique-t-il.

Les Championnats panpacifiques seront la première compétition internationale d’envergure à laquelle participera Newkirk.

« Elle a une grande détermination. Je pense que c’est bien », ajoute Kramer.

Newkirk a fait partie de l’équipe canadienne dont les membres ont passé plusieurs semaines à s’entraîner ensemble pour les Championnats du monde de paranatation à Mexico. Lorsque les championnats ont été reportés en raison d’un tremblement de terre dévastateur, elle a concouru à l’Open Canada à Toronto où elle a établi record du monde au 100 m dos.

Vince Mikuska, entraîneur senior du programme paralympique à Natation Canada, affirme que le temps qu’elle a passé avec l’équipe l’année dernière a joué un grand rôle dans l’évolution de Newkirk. « Elle est maintenant bien au fait des attentes que nous plaçons chez les membres de l’équipe nationale, elle a rencontré les personnes qui sont dans l’équipe et elle a vu comment nous faisons les choses », dit-il.

Au cours des dernières années, Newkirk s’est habituée aux changements de paramètres. Elle prendra tout ce qui arrive aux Championnats panpacifiques, un jour à la fois.

« Comme le dit mon entraîneur, le nom de la compétition importe peu, il faut faire ce qu’on a à faire, c’est tout », ajoute-t-elle. « Mon objectif est de nager de mon mieux, sachant ce que je peux faire, et ne pas me soucier de ce que font les autres. »