Par Jim Morris

Emma O’Croinin a refusé d’abandonner.

Pendant des mois, la native d’Edmonton a cru que le 1500 m libre était sa meilleure chance de se qualifier sur l’équipe de Natation Canada qui participera aux Championnats du monde FINA à Gwangju en Corée du Sud.

O’Croinin a pris la deuxième place de cette épuisante épreuve lors de la première soirée des Essais canadiens de natation, mais a raté le standard de qualification.

Au lieu de se laisser décourager, la nageuse de 15 ans a pris une profonde respiration puis s’est reconcentrée sur le 400 m libre.

« J’ai analysé ce qui s’est passé au 1500 m, » a-t-elle dit. « J’ai appris de cette course et j’ai appliqué la leçon à mon 400 m. Je l’ai attaqué avec un état d’esprit différent et ça a fonctionné. »

Deux jours plus tard, O’Croinin terminait deuxième au 400 m libre. Son meilleur temps personnel de 4:09,11 était assez bon pour lui permettre de devenir la plus jeune membre de l’équipe canadienne qui se rendra en Corée du Sud.

« C’est assez cool, » a dit O’Croinin à propos de faire sa première équipe nationale sénior. « Avant les Essais, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je voulais voir de quoi j’étais capable. »

« C’est assez fou d’avoir obtenu ce résultat. »

Son entraineur au Edmonton Keyano Swim Club, Paul Birmingham, était très impressionné par la façon dont son athlète a su rebondir après « une course un peu hésitante » au 1500 m.

« C’était la première fois qu’elle se rendait aux Essais avec des attentes, » a dit Birmingham. « C’est un peu difficile de gérer ses attentes et sa nervosité, c’est le premier aperçu de la pression.»

« Elle a très bien géré cela et elle a réussi à se reconcentrer et faire du très bon travail.»

Nager sans attentes a enlevé un poids des épaules d’Emma O’Croinin.

« Les attentes étaient différentes au 400 m, » a-t-elle dit. « J’étais beaucoup moins nerveuse. Je pense que cela a aidé ma performance. »

La vétérante Mackenzie Padington, qui a remporté le 400 m, a louangé O’Croinin après la course.

« Elle a tellement de potentiel, » a dit Padington, qui a aussi remporté le 1500 m et le 800 m libre. « Je pense qu’elle peut être l’une de nos meilleures nageuses de 400 m si elle continue sur cette voie. »

« Rien ne va l’arrêter, elle est déjà à 4:09 à 15 ans. »

O’Croinin est flattée par la confiance de Padington.

« C’était super d’entendre à quel point elle me soutient, » a-t-elle dit. « C’est un grand moment et il y avait beaucoup d’émotions. C’est une bonne chose d’avoir quelqu’un comme elle qui vous soutient autant. »

Padington, 20 ans, a participé aux Championnats du monde FINA 2017 à Budapest et a fait partie du relais 4×200 m libre qui a remporté la médaille de bronze aux Championnats pan-pacifiques 2018 à Tokyo.

O’Croinin dit qu’elle suivra les conseils et profitera du soutien de Padington lorsque l’équipe se rassemblera aux Championnats du monde.

« Ce sera bien de s’entrainer avec elle et de voir comment elle se comporte, » a dit O’Croinin. « Je vais prendre des notes et les appliquer à ma première expérience. »

O’Croinin devra redoubler d’ardeur cet été. Après les mondiaux sénior, elle participera aux Championnats du monde FINA juniors 2019 à Budapest.

Padington dit que l’expérience de cet été renforcera les chances d’O’Croinin de se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo l’an prochain.

« La première fois que vous faites une équipe nationale sénior, vous êtes sous le choc, » dit-elle. « Vous gardez les pieds sur terre. Ce sera très important lorsqu’elle essaiera de faire l’équipe l’an prochain. »

« Elle aura l’expérience. Elle saura ce que sait le long voyage jusqu’en Corée, puis d’aller aux Juniors par la suite. »

La nageuse de 5 pieds et 9 pouces peut encore grandir et ajouter de la masse.

« Elle a une bonne base, » a dit Birmingham. « Elle va développer sa vitesse dans les prochaines années. »

« Physiologiquement et anatomiquement, elle a de bonnes caractéristiques pour le libre. Elle a des traits en sa faveur. Maintenant, il faut travailler. Il faut demeurer patient. »

Birmingham décrit O’Croinin comme « une grande travaillante, très assidue et concentrée. » Elle devrait aussi apprendre à être patiente, en passant sur l’équipe sénior, elle nagera contre des femmes plus grande, plus forte et plus rapide.

« Il y aura toujours de jeunes nageurs très rapides, » a dit Birmingham. « Je n’aime pas mettre de la pression sur les gens. Certains vont connaitre le succès. D’autres non. Ils doivent savoir que c’est correct. Ça fait partie du sport. »

Padington aime voir la profondeur de la nage de distance chez les Canadiennes avec O’Croinin et Kate Sanderson, 19 ans, qui participera à l’épreuve de 10 km en Corée du Sud.

« Je pense que les 1500 m et 800 m l’an prochain sont à ne pas manquer, » dit-elle. « Je pense que nous serons toutes les trois sous le standard de qualification, il s’agira de voir qui touche le mur en premier. »

« Je ne vais pas mentir. Elles me font peur, en particulier Emma. Elle est beaucoup plus jeune que moi. »